09 juil., 2022

Yoga-nidrâ, qu’est-ce donc ? Une relaxation profonde ? Un voyage intérieur ? Un espace thérapeutique et de connaissance de soi ?

Yoga-nidra appartient à la voie du nâtha-yoga. On en retrouve des traces il y a plus de 2000 ans dans certains textes mais c’est un ensemble de pratiques qui se sont surtout transmises dans l’oralité. Yoga-nidrâ a donné lieu à la relaxation profonde mais ce n’est pas seulement un processus de relaxation profonde. Tout être humain vit généralement dans 3 états différents tout au long de la journée (il existe un 4ème état beaucoup moins ordinaire auquel il n’est pas fait mention ici). Les 3 états communs sont l’état de veille, l’état de rêves conscients, l’état de sommeil profond sans aucune conscience. C’est ce dernier état qu’explore yoga-nidrâ. En sanskrit yoga-nidrâ signifie yoga du sommeil

Dans cet état, lorsque le mental est complètement désorganisé, l’ordre connu pendant l’état de veille s’effondre, les conditionnements de l’individu (expérience personnelle, éducation, société/culture, espèce) se relâchent, s’estompent, voire disparaissent. Installer des prises de conscience dans cet espace c’est l’objectif de yoga-nidrâ dans le but de permettre le dépassement des barrières habituelles et l’accès à un espace de connaissance de soi sans aucune limite. On comprend donc il ne s’agit pas seulement de relaxation profonde et de sommeil réparateur !

Yoga nidra, yoga du sommeil, c'est aussi une proposition de voyage intérieur

Le yoga-nidrâ, un voyage intérieur !

Le yoga-nidrâ est donc un véritable voyage intérieur dans les méandres de nos pensées, de notre esprit, de notre conscience, de l’état de sommeil, pour ouvrir les portes de l’intériorité. yoga-nidrâ permet de réaliser la clarté, la lucidité, l’observation de ce qui échappe à l’attention ordinaire. Yoga-nidrâ c’est donc une façon de (ou un espace où) faire pénétrer la conscience dans la zone inerte qu’est le sommeil.

L’objectif de yoga-nidrâ est donc de se découvrir, de mieux se connaitre en investissant consciemment l’état de sommeil. Cet état dans lequel ordinairement nous sommes une grande partie de notre vie, inconscients de ce qui se passe, de qui nous sommes, et de ce que nous faisons, excepté quelques éclairs dans les rêves !

Il y a une grande proximité entre yoga-nidrâ et la méditation. En flânant dans le sommeil ou dans la lumière de la conscience et de la pensée immobile, yoga-nidrâ et méditation font appel aux mêmes préalables : déjouer l’état de veille, passer au-delà pour atteindre des états de conscience beaucoup plus libres.

Les séances de yoga-nidrâ sont en quelque sorte des méditations guidées autour de scénarios ou de thèmes très traditionnels : la vie, la mort, l’animalité, le plaisir, la peur, les chakra, les différents corps, … Ce sont des voyages symboliques au centre de l’humanité, des lois qui régissent et règlent l’individu, la société, et l’espèce, au centre de nos façons de penser.

Yoga-nidra, yoga du sommeil, c'est aussi un espace thérapeutique

Yoga-nidrâ, l'espace thérapeutique.

Exploitant l’espace offert par yoga-nidrâ dans lequel toutes les barrières mentales sont tombées et toutes les limites repoussées, on en profite pour soulager et modifier une situation dérangeante. Car dans ces états de sommeil conscient atteints grâce aux procédés de yoga-nidrâ, chacun dispose d’une capacité à générer des énergies thérapeutiques importantes et la pensée devenant créatrice, il est alors possible de déclencher les mécanismes énergétiques et mentaux pour se soigner soi-même.

Yoga nidra, yoga du sommeil, une séance commence toujours par une relaxation profonde, ....

Yoga-nidrâ, déroulement d’une séance.

Une séance de yoga-nidrâ, commence toujours par une relaxation. Bien que n’étant qu’une partie mineure de yoga-nidrâ, se relaxer permet une mise en disponibilité du corps, de l’énergie et de la pensée pour aller sonder et découvrir notre intériorité pendant l’état de sommeil. 

La relaxation est donc un préalable à l’espace de yoga-nidrâ. Il faut savoir se détendre, se relâcher complètement en prenant d’abord conscience des tensions neuromusculaires et respiratoires, des blocages dans l’énergie et des conditionnements de la pensée puis en mettant en œuvre les moyens pour défaire ces tensions et blocages. L’originalité de la relaxation dans le nâtha-yoga tient au fait que l’élément central reste la respiration. Les moments de détente profonde se font dans une posture et avec une respiration appropriée. Les étirements et les rotations du corps sont toujours associés à des souffles spécifiques. Certains prânâyâma ont en eux une incidence profonde sur la détente (par exemples : nâdî shoddhana, le souffle alterné, shitalî, la respiration rafraîchissante).

Durant les séances sont intégrés des respirations modifiées (allongées, ralenties, ou déstructurées) qui permettent d’infiltrer des éléments favorisant l’endormissement dans l’espace où se produit le passage de l’état de veille à celui de sommeil.

Il faut évidemment savoir se lâcher, s’abandonner sans pour autant perdre toute vigilance dans ces zones « d’entre deux », entre veille et sommeil, entre conscience et oubli. La maîtrise du prânâyâma (science du souffle), de la concentration et de la méditation est utile pour franchir ces passages peu accessibles et pour aller explorer des scénarios basés sur les sensations et qui font appel à l’imaginaire.

A lire : Yoga-Nidrâ, sommeil conscient, un article de Martine Huon